1. Lever l’ancre – Kamae
Surcouf commence par lever l’ancre et sortir du port.
Leçon : La bataille commence toujours avant le premier coup. La décision intérieure est la vraie arme.
2. Naviguer vent debout – Gedan Barai
Le navire avance face au vent, coupant l’écume.
Leçon : Le monde oppose résistance, mais il suffit parfois de balayer l’obstacle plutôt que de le briser.
3. Virer de bord – Tai Sabaki
Quand l’ennemi croit avoir verrouillé la trajectoire, Surcouf change brutalement de cap.
Leçon : Quand la force frontale est écrasante, l’art du guerrier est de disparaître de la ligne d’attaque.
4. Aborder l’ennemi – Oi Zuki
Le moment venu, Surcouf lance son navire contre celui de l’adversaire pour coller au corps-à-corps.
Leçon : On ne gagne pas à distance si l’on manque de puissance. Il faut parfois s’engager totalement, avec tout son être.
5. L’abordage – Kake Uke suivi de Gyaku Zuki
Les grappins volent, les hommes passent à l’épée. Surcouf absorbe la première riposte puis frappe.
Leçon : Le combat est un flux. On ne bloque pas pour bloquer, on bloque pour enchaîner. Comme Surcouf, on s’accroche à l’adversaire pour mieux le dominer.
6. Renverser la supériorité numérique – Naihanchi Dachi avec Uraken
À 150 contre 400, Surcouf tient le pont. Il resserre la ligne, compacte, indestructible.
Leçon : La densité intérieure compte plus que la masse extérieure.
7. Le coup de panache – Kiai et Mae Geri
Quand la bataille semble basculer, Surcouf galvanise ses hommes par un cri, un rire, une audace démesurée.
Leçon : Le souffle est arme. Le cri perce les cœurs plus que l’acier.
8. Respect des prisonniers – Zanshin
La victoire acquise, Surcouf fait soigner les blessés et ne tue pas inutilement.
Leçon : La victoire sans honneur est une défaite. Le combat ne se termine pas avec la chute de l’adversaire, mais avec le maintien de notre humanité.
Chaque manœuvre navale devient une technique. Chaque abordage est un bunkai.
Surcouf nous enseigne que la mer est comme le tatami : mouvante, imprévisible, exigeant l’adaptation. Et que la vraie arme n’est pas l’épée ou le canon, mais l’esprit qui ose transformer l’impossible en audace victorieuse.
Chaque séquence est comme une vague : un enchaînement qui mêle stratégie navale et geste martial.
1. Lever l’ancre – Kamae de départ
Yoi (préparation) en hachiji dachi.
Technique 1 : Ouverture des bras en gedan barai des deux côtés, comme pour écarter les vagues.
Technique 2 : Transition immédiate en morote uke (blocage renforcé), symbole de la décision.
2. Fendre les flots
Avancer en zenkutsu dachi.
Technique 1 : Oi zuki jodan (coup de poing en avançant au visage).
Technique 2 : Gedan barai puissant, comme la proue coupant l’écume.
3. Virer de bord – Tai Sabaki
Rotation complète à gauche en kokutsu dachi.
Technique 1 : Shuto uke (blocage tranchant main ouverte).
Technique 2 : Enchaîner immédiatement avec gyaku zuki chudan (poing inversé).
4. Le choc naval
Avancer d’un bond.
Technique 1 : Mae geri chudan (coup de pied frontal au ventre).
Technique 2 : Oi zuki chudan (poing direct en avançant derrière le coup de pied).
5. L’abordage – agripper et frapper
Avancer en kiba dachi.
Technique 1 : Kake uke (blocage en accroche, comme un grappin).
Technique 2 : Tetsui uchi (coup de poing marteau vers le bas).
6. Tenir le pont – densité intérieure
Toujours en kiba dachi, enracinement fort.
Technique 1 : Uraken uchi (revers de poing rapide à la tempe).
Technique 2 : Empi uchi (coup de coude circulaire).
7. Renverser la supériorité numérique
Avancer en naihanchi dachi.
Technique 1 : Double gedan barai (balayer des deux bras).
Technique 2 : Mae geri jodan (coup de pied haut, brisant l’élan ennemi).
8. Cri de panache – l’énergie du capitaine
Retour en zenkutsu dachi.
Technique 1 : Kiai + gyaku zuki explosif.
Technique 2 : Kiai + uraken fulgurant, comme un ordre lancé à l’équipage.
9. Duel au sabre imaginaire
Passer en kokutsu dachi.
Technique 1 : Shuto uke (main-sabre bloquante).
Technique 2 : Shuto uchi (frappe tranchante main ouverte).
10. Coup de vent – fluidité et surprise
Pivot brusque en zenkutsu dachi opposé.
Technique 1 : Soto uke (blocage extérieur circulaire).
Technique 2 : Gyaku zuki en contre.
11. La vague déferlante
Avancer avec puissance.
Technique 1 : Mae geri suivi d’un bond en avant.
Technique 2 : Double tsuki simultané (les deux poings frappent ensemble).
12. Zanshin – la dignité du vainqueur
Retour en shizentai dachi (position naturelle).
Technique 1 : Gedan barai lent, symbole d’apaisement.
Technique 2 : Shuto kamae (main ouverte, garde basse), esprit calme, zanshin.
C’est un kata d’abordage : avancer, surprendre, accrocher, frapper, dominer, mais toujours avec panache et noblesse. Chaque mouvement double évoque la mer — imprévisible, souple, mais aussi implacable.
Un kata qui respire la stratégie : audace, ruse et dignité, comme le corsaire qui osait défier les empires.

Observer et créer
RépondreSupprimerObserver les animaux pour créer des formes de combat
Depuis les origines, les êtres humains ont regardé le monde animal pour apprendre à survivre et à se battre. Les gestes des prédateurs, la défense des proies, la manière dont les oiseaux s’envolent ou dont les félins bondissent ont inspiré les guerriers, les chasseurs et les danseurs. Les arts martiaux, qu’ils soient chinois, indiens, amérindiens ou européens, ont intégré ces observations sous forme de rituels, de postures et de techniques.
En Chine : les cinq animaux et la richesse des styles zoomorphes
La tradition chinoise est la plus connue. Les « cinq animaux » de Shaolin – tigre, grue, serpent, léopard et dragon – expriment chacun une stratégie et une énergie. Le tigre avance avec force, la grue se tient en équilibre, le serpent frappe en spirale, le léopard explose en vitesse, le dragon relie corps et souffle. À côté de ce socle, on trouve la mante religieuse, le singe, l’aigle, le scorpion et bien d’autres, chacun donnant naissance à des taolu entiers.
À Okinawa et au Japon : l’esprit animal en filigrane
RépondreSupprimerLe karaté d’Okinawa a intégré certaines de ces influences. Le Hakutsuru (« Grue blanche ») est un kata qui reprend explicitement les mouvements de l’oiseau. Le Naihanchi est parfois associé à la stabilité du buffle. Le Japon a aussi développé ses propres images : le tigre (force), la grue (élégance), mais aussi des métaphores naturelles comme les vagues ou le vent. Derrière ces images, on retrouve la même idée : imiter une force extérieure pour la transformer en art martial intérieur.
En Inde : entre yoga et kalaripayattu
RépondreSupprimerL’Inde ancienne avait déjà une tradition guerrière animalière. Le kalaripayattu comprend des postures inspirées de l’éléphant, du lion, du serpent ou du cheval, chacune servant à développer la puissance ou la souplesse. Le yoga, dans son aspect ancien, reprend aussi des postures animales (cobra, chien, corbeau), non comme simple gymnastique mais comme une manière d’apprendre à respirer et à bouger comme une autre créature vivante.
En Afrique et chez les Amérindiens : rituel et instinct
Les peuples amérindiens ont créé des danses guerrières imitant l’aigle, le bison ou l’ours pour se préparer physiquement et mentalement à la chasse ou à la guerre. En Afrique, les luttes traditionnelles (comme le ngolo, à l’origine de la capoeira) comprenaient des sauts félins et des gestes bondissants inspirés du règne animal. Ces gestes faisaient partie à la fois du combat et du rituel.
En Europe ancienne : le guerrier et son animal
RépondreSupprimerChez les Celtes et les Germains, les guerriers prenaient pour modèle l’ours, le loup ou le faucon. Les berserkers entraient en transe pour « devenir » ours, les ulfhednar combattaient avec l’esprit du loup. Même les chevaliers médiévaux, avec leurs armoiries (lion, dragon, aigle), ne faisaient pas que décorer leurs boucliers : ils affirmaient que leur corps devait incarner la force de ces animaux.
Pratique moderne : inventer de nouveaux kata animaliers
Aujourd’hui, rien n’empêche de poursuivre cette tradition en l’adaptant à notre temps. On pourrait créer de nouveaux katas inspirés d’animaux qui n’ont pas encore été travaillés :
Le coq : fier, rapide, toujours en mouvement circulaire. Ses coups de bec et ses griffes rappelleraient des tsuki courts et des mae geri rapides.
La girafe : souplesse, hauteur, élégance. Ses longs mouvements de cou pourraient inspirer des balayages amples, des esquives avec fluidité et des attaques venant « d’en haut ».
Le rhinocéros : charge directe, force inarrêtable. Son esprit pourrait se traduire par des déplacements en ligne, des blocages puissants et des tsuki de masse.
RépondreSupprimerLe chat : vigilance, relâchement, bond imprévisible. Ses déplacements légers donneraient un kata basé sur l’attente et la soudaineté.
Le dauphin : fluidité, spirale, travail de la vague. Ce kata enseignerait la continuité et l’énergie circulaire du corps.
Ces créations ne seraient pas un jeu folklorique, mais une manière de redécouvrir des qualités corporelles que nous perdons en répétant trop mécaniquement des techniques. L’esprit animal permet de sortir du schéma figé, de retrouver l’instinct, la créativité, et une forme de connexion entre l’art martial et le monde vivant.
Conclusion
RépondreSupprimerOui, il existe une tradition universelle d’imitation animale dans les arts martiaux. Oui, elle garde un intérêt réel aujourd’hui, parce qu’elle nous oblige à sortir de la répétition technique pour retrouver le lien avec la nature, l’instinct et l’inventivité. Les katas animaliers, qu’ils soient anciens ou modernes, sont un chemin pour faire du combat un langage vivant, à la fois efficace, poétique et profondément enraciné dans l’expérience humaine.
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Je propose cette méthode : d'abord un Tikai Shinsho, pour s'imprégner des qualités de l'animal, ensuite un Qitaikat pour commencer à le mettre en mouvement et ensuite pour finir un kata perso et ses applications.