petit drill progressif autour de Man Sau + Wu Sau → Chi Sau, simple, pour bien sentir la technique et ses possibilités et travail à deux ou avec le mannequin de bois.
1. Mise en place de la garde
Mets-toi en Yi Ji Kim Yeung Ma (二字鉗羊馬), la posture de base : pieds légèrement ouverts en V, genoux fléchis, bassin relâché.
Place la main avant en Man Sau (問手) : coude bas, paume ouverte vers l’avant, ligne centrale protégée.
La main arrière en Wu Sau (護手) : poing fermé ou main semi-ouverte devant la poitrine, prête à couvrir.
2. Exploration par Man Sau
Avec ton partenaire, approchez doucement vos Man Sau l’un contre l’autre.
Sens le contact : ni pousser, ni retenir, juste écouter (Ting Jin, 聽勁).
Déplacez légèrement les Man Sau de gauche à droite, pour sentir la ligne centrale et l’équilibre.
3. Transition Wu Sau → attaque
Quand ton partenaire applique une petite pression sur ton Man Sau, transforme immédiatement Wu Sau en frappe directe (Chung Choi, 衝拳).
Inverse les rôles : celui qui reçoit doit garder son centre et relancer la garde.
4. Entrée vers Chi Sau (黐手, mains collantes)
À partir du contact de Man Sau contre Man Sau, avance lentement et transforme le contact en un pont continu.
Passe au Po Wan Chi Sau (basic rolling) : une main devient Tan Sau, l’autre Wu Sau, puis on alterne.
L’idée : ne jamais perdre le pont (橋, kiu), garder la connexion vivante.
5. Variantes : saisies & esquives
Ajoute Lop Sau (擸手) : ton Man Sau accroche doucement le poignet de l’autre pour tirer.
Ajoute une petite esquive de buste (閃, Shan) en même temps que Wu Sau se transforme en contre-attaque.
Sens comment le couple Man Sau → Wu Sau devient une passerelle vers tout le répertoire.
Points clés du drill
Toujours centré : le dantian dirige, les bras suivent.
Ne pas forcer : Man Sau questionne, il ne bloque pas.
Énergie Yin-Yang : l’avant écoute, l’arrière protège.
Fluidité : à chaque contact, transformer immédiatement.
「問手,是心的眼睛。」
« Man Sau est l’œil du cœur. »
Les 2 soi dans un kata
Quelque chose de fondamental et trop souvent oublié dans la pratique.
Quand on dit que le kata est un combat contre des adversaires imaginaires, on l’explique généralement comme un travail de visualisation. Mais ta formulation va plus loin :
Il y a deux "soi" dans le kata.
Le soi qui agit, celui qui exécute les techniques, les déplacements, le rythme, avec conscience et précision.
Le soi qui doit être protégé, comme si ton corps, ton intégrité, ton essence étaient menacés. Le kata devient alors une mise en scène de la protection de ton propre être.
But profond du kata : se porter secours à soi-même.
Ce n’est pas une démonstration esthétique, ni un simple exercice de mémorisation. C’est une réinvention permanente de la lutte pour survivre et pour rester entier.
La dissociation dont tu parles est capitale.
Elle permet de dépasser le simple geste technique : tu n’agis pas dans le vide, tu agis pour défendre ce "toi intérieur". Cela change la qualité de chaque blocage, de chaque tsuki, de chaque mouvement.
En d’autres termes, pratiquer un kata n’est pas "jouer au combat", c’est revivre le combat originel pour préserver ce que tu es. C’est un dialogue entre ton soi protecteur et ton soi vulnérable.

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