(Synthèse rigoureuse des principes fondamentaux illustrés par les 12 premiers dessins)
Les douze premiers dessins du Bubishi constituent un bloc cohérent, une sorte de « grammaire de survie » en combat rapproché. On y retrouve quatre piliers :
Changement de niveau et d’angle
Saisie – contrôle – interruption structurelle
Contre simultané
Ciblage des points vitaux (Kyūshō / Dim Mak)
Ces techniques ne forment pas un kata, mais un répertoire de réactions courtes, toutes basées sur la même logique interne :
Technique 1 — L’esquive angulaire + contre direct
Le premier dessin montre le principe fondamental :
sortir de la ligne,
couper l’attaque en diagonale,
répondre dans le même temps.
L’accent est mis sur le changement de niveau : abaissement du centre (dantian), rotation de hanches pour se placer sur l’extérieur de l’adversaire.
Le contre est porté simultanément, principe clef du Bubishi : uke = attaque.
Technique 2 — Contrôle du bras + percussion sur point vital
On passe à un travail de pontage et de saisie.
Une main contrôle l’avant-bras ou le poignet, la seconde percute :
cou,
claviculaire,
arrière de la mâchoire,
ou plexus.
C’est le début de l’idée :
Technique 3 — Déviation circulaire + entrée dans la garde
Le troisième dessin met en valeur un mouvement circulaire, souvent vu comme un "parry" ou un balayage de bras.
Le corps avance au moment même où il dévie.
On entre dans la garde, en collant le coude, afin de couper la structure de l’adversaire.
Le Bubishi insiste sur la proxémie : frapper à distance courte, avec le corps engagé.
Technique 4 — Capture du bras + frappe en torsion
Ici, le dessin montre une capture ferme, souvent interprétée comme une préparation à un kansetsu waza (contrôle articulaire).
La deuxième main frappe :
à la tempe,
au nez,
ou sous l’oreille (mastoidien).
L’important n’est pas la forme mais la torsion du corps qui augmente l’impact.
Technique 5 — Travail du coude + compression structurelle
Une des images les plus connues : projection courte ou contrôle par pression du coude fléchi.
On effondre la posture de l’adversaire en utilisant :
le coude,
ou l’avant-bras,
en diagonale.
C’est purement un concept de structure : affaisser la colonne, couper la transmission de force.
Technique 6 — Blocage interne + coup en ligne médiane
Le dessin montre un geste direct sur la ligne centrale.
La défense est interne, la contre-attaque est immédiate.
On travaille ici la verticalité :
Technique 7 — Saisie double + percussion basse
On voit clairement une double prise du membre attaquant.
Cette technique illustre l’idée d’ancrage : coller les bras, verrouiller, tirer vers soi.
La frappe descendante vise une zone basse ou médiane, souvent associée dans les commentaires traditionnels à :
côtes flottantes,
bas-ventre,
ou cuisse (nerf fémoral).
Technique 8 — Contrôle + percussion latérale
Ce dessin met en avant un travail latéral, en rotation.
Une main contrôle (bras, poignet, triceps).
La seconde frappe de côté :
cervicales,
mandibule,
ou clavicule.
C’est le principe du flanc faible : attaquer là où la structure ne peut pas répondre.
Technique 9 — Défense en profondeur + entrée dans le buste
La neuvième technique montre un mouvement profond, parfois interprété comme un nage waza court.
L’idée :
absorber,
pivoter,
entrer sous le centre de gravité adverse.
On y voit l’esprit des écoles du sud : combat thorax contre thorax, extrêmement court.
Technique 10 — Saisie du poignet + frappe verticale
Le dixième dessin revient à une dynamique simple :
saisir,
fixer,
frapper verticalement.
C’est une mécanique de "chute" du coup : gravité, hanche, axe.
La cible varie mais reste toujours mortelle ou neutralisante.
Technique 11 — Contrôle du bras + projection courte
Ici, l’image montre clairement un renversement ou une projection avec contrôle du bras.
La projection ne vient pas du tirage, mais du déplacement du corps :
C’est une des signatures du Bubishi : les projections viennent du centre, pas des bras.
Technique 12 — Saisie haute + coup ascendant / bris structurel
Dans la 12e, la main se place haut :
capture du poignet,
ou de la manche,
ou du cou.
La seconde main frappe en ascendant ou en bris diagonal.
On y voit une mécanique de rupture de posture : l’adversaire est tiré vers le bas tandis que le coup monte.
La technique combine :
déséquilibre,
traction,
percussion.
C’est un condensé de tout le bloc des 1–12.
En étudiant ces 12 dessins, un pratiquant comprend :
que l’angle est supérieur à la force brute ;
que la saisie n’est pas statique, mais dynamique (tirer – frapper – briser la structure) ;
que les frappes visent rarement des “zones larges” mais presque toujours des points structurants : mandibule, cou, claviculaire, plexus, côtes flottantes ;
que les projections sont courtes, souvent invisibles à un œil non entraîné ;
que la défense n’existe pas : chaque geste est attaque + contrôle en même temps.
Les 12 premiers dessins forment ainsi la matrice de tout ce que le Bubishi développera ensuite :
combat rapproché, stratégie du centre, utilisation des angles, saisies, kyūshō, et gestion de la structure.



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