Drill des 12 Soto Uke, 12 écoles

 

1. Shotokan (松濤館流)

Zenkutsu dachi long, rotation ample du bras.

L’avant-bras balaie comme une barrière ferme, poing fermé, trajectoire circulaire large.

Accent sur la hanche (koshi no kaiten).

2. Shito-ryu (糸東流)

Posture plus courte, stabilité et fluidité.

Soto uke plus court, poing ouvert parfois, avec relâchement et vitesse.

Accent sur le muchimi (黐身 – adhérence).

3. Goju-ryu (剛柔流)

Sanchin dachi solide.

Soto uke compact, bras légèrement arrondi, avec respiration ibuki.

Mouvement enraciné, comme un bouclier vivant.

4. Wado-ryu (和道流)

Neko ashi dachi, légèreté.

Soto uke en esquive (tai sabaki), mouvement fluide et presque invisible.

L’idée est d’éviter et rediriger, plutôt que bloquer.

5. Kyokushin (極真会)

Soto uke puissant, en fudo dachi.

Bras fort, angle direct pour briser l’attaque.

Accent sur l’impact et la résistance, contact dur.

6. Genseiryu (玄制流)

Utilise souvent des spirales.

Soto uke circulaire, presque comme un fouet, avec vrille de l’avant-bras.

Connexion forte entre jambes, hanches et bras.

7. Tomari-te (泊手)

Soto uke plus court, souvent en neko ashi ou shiko.

Mouvement sec, minimaliste, pour créer ouverture et contre-attaque rapide.

Accent sur la vivacité.

8. Naha-te (那覇手)

Proche du Goju, mais encore plus enraciné.

Soto uke lent, respiré, avec tension musculaire.

Un blocage qui est aussi un kakie (accrochage).

9. Wing Chun (詠春拳) – équivalent Bong Sao ou Tan Da

Bras arrondi, poignet vivant, énergie élastique.

Ici le "soto uke" n’est pas un blocage mais une redirection de la ligne centrale.

Économie et explosivité.

10. Sanda / Boxe chinoise (散打)

Garde haute, soto uke court, proche d’un parry.

Utilisé pour ouvrir la garde et préparer un contre-coup de poing ou un low kick.

Accent sur la mobilité du pied avant.

11. Kung Fu traditionnel (功夫) – style Hung Gar

Soto uke exécuté comme un "tigre repoussant la griffe".

Posture solide (sei ping ma), bras lourd.

L’énergie est animale, pénétrante.

12. Bajiquan (八極拳)

Soto uke explosif, en sortie de kao (靠 – choc d’épaule).

Bras projette comme une explosion courte (fa jin).

Utilisé pour ouvrir l’adversaire avant une projection ou un coup de coude.

Comment pratiquer le drill

Mets-toi en shizentai (自然体, posture naturelle).

Avance à chaque pas et exécute le soto uke d’un style différent.

Ressens : le rythme change, l’énergie change, l’intention change.

Après les 12, recommence en revenant en arrière, pour 24 mouvements au total.

Kata et adversaire imaginaire

le kata est une série de mouvements codifiés, souvent simulant un combat contre un ou plusieurs adversaires imaginaires.

​Imaginer un kata contre un tigre féroce est une façon très puissante de comprendre l'intérêt et la profondeur de cette pratique.

​Intérêt d'un Kata Contre un Adversaire Imaginaire (tel qu'un Tigre Féroce)

​Le principal intérêt d'une pratique aussi intense et imaginative est qu'elle transcende la simple mémorisation des mouvements pour toucher à des aspects fondamentaux du développement physique et mental :

​1. Intensité et Engagement Maximum

​Lorsque vous imaginez un tigre, vous ne simulez pas juste un adversaire humain ; vous vous confrontez à une force brute, une vitesse fulgurante et un danger de mort immédiat.

​L'intérêt : Cette menace amplifiée force une exécution des techniques à pleine puissance (kime), une vitesse maximale, et une concentration (zanshin) absolue sur chaque mouvement. Il n'y a pas de place pour l'hésitation ou la demi-mesure. C'est l'entraînement de la volonté.

​2. Gestion de l'Émotion et du Stress

​Le tigre incarne la peur, l'adrénaline et la panique. Le kata devient une méthode pour affronter et canaliser ces émotions dans un environnement contrôlé.

​L'intérêt : En répétant l'exercice, l'artiste martial apprend à rester calme, lucide et technique face à une menace écrasante. C'est un entraînement à la résilience mentale et à la prise de décision rapide sous pression.

​3. Maîtrise du Corps et de la Posture

​Un tigre nécessite de l'agilité, des déplacements constants (tai sabaki), et un ancrage au sol irréprochable pour ne pas être déséquilibré ou emporté.

​L'intérêt : L'imagination de l'adversaire (sa taille, sa vitesse) oblige à une meilleure utilisation du centre de gravité (hara), à des postures (dachi) plus solides et à une respiration (kokyu) qui soutient l'effort intense. Le corps devient plus unifié et efficace.

​4. Application Réaliste des Techniques (Bunkai)

​Le tigre n'attend pas que vous ayez fini votre blocage. Il faut être incroyablement précis et opportun.

​L'intérêt : Le pratiquant doit penser activement à l'angle d'attaque, à la distance, et au timing pour que sa technique ait une chance de fonctionner contre un adversaire supérieur. Cela rend l'étude de l'application des mouvements (Bunkai) beaucoup plus concrète et stratégique.

​En fin de compte, se battre contre un tigre imaginaire force l'artiste martial à dépasser ses limites habituelles et à mobiliser toutes ses ressources, faisant du kata non seulement un exercice physique, mais une méditation en mouvement extrêmement exigeante.