Henri Plée avait une curiosité sans bornes pour tout ce qui reliait le corps et l’esprit. Si nous imaginons un kata pléesthénik (pour jouer avec son nom et l’idée d’une gymnastique martiale cérébrale), il doit être construit pour :
Solliciter droit et gauche simultanément (latéralisation).
Alterner asymétrie et symétrie.
Impliquer des coordinations paradoxales (main droite
jambe gauche).
Rester dans un cadre martial mais expérimental.
Voici une proposition en 8 mouvements :
Kata Pléesthénik – 8 Mouvements
- Départ
Heisoku dachi (pieds joints). Mains ouvertes à hauteur du front, paumes vers l’extérieur.
Respiration : inspirer par le nez, visualiser la séparation du cerveau en deux hémisphères.
- Croisement paradoxal
Avancer pied gauche en zenkutsu dachi, mais frapper uraken uchi main droite.
L’intention : dissocier les côtés, forcer une coordination croisée.
- Déphasage miroir
Rester en zenkutsu.
Lever le genou droit en même temps que gedan barai main gauche.
Deux trajectoires opposées, cerveau forcé d’orchestrer deux rythmes.
- Double latéralité
Passer en kiba dachi.
Main droite exécute jōdan age uke.
Main gauche exécute gedan barai.
Un haut/bas, droite/gauche simultané.
- Inversion instantanée
Sans bouger les jambes, inverser : main gauche en age uke, main droite en gedan barai.
La symétrie s’inverse, obligeant une réorganisation neuronale rapide.
- Désynchronisation volontaire
Tourner à 90° vers la gauche en neko ashi dachi.
Main gauche fait shuto uke lent.
Main droite frappe gyaku tsuki rapide.
C’est un travail de vitesse dissociée (lent/rapide).
- Contradiction rythmique
Tourner à 180° vers la droite, fudo dachi.
Main gauche fait un mouvement circulaire lent (moulinet comme en tai chi).
Main droite exécute trois tsuki explosifs.
L’hémisphère gauche doit gérer la fluidité, le droit la percussion.
- Retour à l’unité
Revenir en heisoku dachi.
Joindre les paumes devant le cœur (gasshō).
Respirer profondément, sentir la réconciliation des deux hémisphères dans le centre (hara / tanden).
Parfait
!
Alors voici l’explication neuroscientifique des 8 mouvements du kata pléesthénik, en lien direct avec la stimulation des hémisphères cérébraux et des réseaux de coordination motrice :
- Départ – Heisoku dachi, mains ouvertes
Visualisation de la séparation cerveau gauche / cerveau droit.
Active le corps calleux (pont entre les hémisphères) par la conscience de dualité.
Prépare la proprioception bilatérale.
- Croisement paradoxal (uraken main droite / avancée pied gauche)
Frapper côté opposé du pas oblige le cerveau à croiser les signaux.
Active le cervelet et les zones motrices associatives.
Renforce la coordination croisée (utile dans la marche, la course, le combat réel).
- Déphasage miroir (genou droit levé / gedan barai main gauche)
Ici, jambes et bras fonctionnent en opposition diagonale.
Sollicite fortement l’hémisphère gauche (séquence motrice structurée) et le droit (équilibre global).
C’est un exercice proche de la rééducation motrice ou du « brain gym ».
- Double latéralité (age uke main droite / gedan barai main gauche)
Haut/bas en simultané : l’hémisphère droit gère la spatialité verticale, le gauche la précision de la trajectoire.
Développe la capacité à gérer deux plans d’action simultanés.
- Inversion instantanée
L’inversion immédiate demande une reprogrammation rapide.
C’est l’hémisphère gauche qui planifie la séquence, mais le droit qui gère la rapidité d’adaptation.
Favorise la neuroplasticité (apprentissage moteur flexible).
- Désynchronisation volontaire (lent shuto / rapide tsuki)
Dissocier deux vitesses dans le corps sollicite le cortex préfrontal (contrôle exécutif).
Le cerveau doit inhiber l’automatisme de symétrie.
Développe la capacité de faire une chose calme et une autre explosive en même temps (précieux en combat réel).
- Contradiction rythmique (lent moulinet gauche / trois tsuki rapides droite)
Ici, on introduit un contraste rythmique volontaire.
L’hémisphère gauche suit la séquence répétitive (tsuki), le droit gère la fluidité circulaire (moulinet).
C’est un entraînement de battement rythmique cérébral (capacité à jongler entre logique et globalité).
- Retour à l’unité (gasshō, respiration)
Réconcilie les deux hémisphères par une respiration consciente.
Active le système parasympathique → relaxation, intégration de l’expérience.
Permet de stabiliser les réseaux neuronaux après le travail dissociatif.
Il entraîne la latéralité croisée, la dissociation motrice, la plasticité et la coordination. On pourrait dire que c’est un « kata du cerveau » autant qu’un kata du corps, dans l’esprit inventif et humaniste d’Henri Plée.

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